par Olivier Benizeau
Jeudi 30 Janvier 2014
L’Alhambra à Paris – Festival « Au fil des voix »
Rendez-vous des nouveautés musicales et vocales du Monde, unique à Paris, le Festival « Au fil des Voix » a repris pour sa 7ème édition ses quartiers à l’Alhambra. Cet évènement qui dure jusqu’au 10 Février, se délocalise, cette année, pour trois concerts au Studio de l’Ermitage les lundi 3, mardi 4 et mercredi 5 Février. Le concert d’ouverture, ce jeudi, accueillait à l’Alhambra, en première partie, « RIVIERE NOIRE » (Brésil, Mali) et en seconde, Mamani KEITA (Mali). RIVIERE NOIRE, rencontre de trois artistes de musiques du monde (j’exècre le terme World Music cher aux majors), Orlando MORAIS, brésilien (chant et composition), Pascal DANAÉ, guadeloupéen (chant et guitares) et Jean LAMOOT, français (basse et réalisation artistique) joue une musique métissée, très rythmée, jetant un pont entre l’Afrique de l’Ouest et le Brésil, avec un détour par l’Occident.
Contrairement à la profession musicale, cela n’a pas soulevé l’enthousiasme de votre humble serviteur à part lors des interventions vocales du griot Kassi Mady DIABATÉ.
En deuxième partie, à l’occasion de la sortie de son quatrième album « KANOU », c’était la diva malienne Mamani KEITA qui était invitée. Sa voix, son immense présence sur scène et la connivence la liant à ses musiciens (un guitariste, un bassiste, une « fine gâchette du n’goni » et un percussionniste) ont soulevé l’enthousiasme du public (et le mien !!!) tout au long de cette prestation et du rappel (deux chansons). Mamani KEITA a fait passer un torrent d’émotions, profondément ancrées dans son Mali natal, sur des arrangements très modernes flirtant avec le rock. Un grand moment.
Vendredi 31 Janvier 2014
Le Triton – Les Lilas - Nunc liberi sumus (Maintenant nous sommes libres)
C’est sous ce nom que s’est produit un trio composé de deux artistes ayant participé aux plus belles aventures du jazz moderne français (du jazz tout court suis-je tenté de dire) depuis les années 60, Aldo ROMANO (batterie) et Henri TEXIER (contrebasse), et d’un jeune saxophoniste (ténor et soprano), Vincent LÊ QUANG.
Aldo ROMANO et Vincent LÊ QUANG se sont rencontrés le 22 Septembre dernier, lors de l’inauguration de la seconde salle du TRITON, et le courant étant immédiatement passé entre ces deux artistes, ils s’étaient jurés de jouer, à nouveau, ensemble, d‘où l‘idée de ce concert. Le jeu dynamique et la couleur sonore d’Aldo, les alliages sonores et l’enthousiasme d’Henri, associés à l’immense talent du jeune saxophoniste, ont produit une musique résolument moderne et variée. Aldo ROMANO a dit avec humour : « On joue n’importe quoi, n’importe comment… ». Que la liberté en musique est belle quand elle s’exprime de la sorte. Le public qui ne s’y est pas trompé, a réservé une immense ovation à ce magnifique trio.
Ce concert a été enregistré et il donnera lieu à un CD sur le label TRITON. On attend déjà avec impatience sa sortie.
Samedi 1er Février 2014
Le Triton – Les Lilas
Contrairement à ce que vous pourriez croire, je n’ai pas dormi sur place. Je suis bien revenu au TRITON pour assister à un concert classé dans la catégorie « Musique Improvisée » à l’occasion duquel un duo inédit dans cette salle était à l’affiche.Il s’agissait de la rencontre entre une chanteuse singulière (et flûtiste), mêlant chant protéiforme et jeu théâtral : Élise CARON, et une grande dame de la contrebasse, actrice majeure de la musique improvisée, s’accompagnant, sous diverses formes, de la voix: Joëlle LÉANDRE.
La performance de ces deux artistes a mis en lumière leur complicité dans l’échange et l’improvisation, le tout sur fond d’humour et de rires. Si Élise et Joëlle ont pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble, elles en ont procuré énormément au public qui les a longuement applaudies. Et que dire de leur sortie « reptilienne » à la fin du concert. Rassurez vous, bien qu’elles aient rampé comme vous aviez dû le comprendre, la flûte de l’une ne s’est pas transformée en serpent à sonnettes et la contrebasse de l’autre est bien resté un instrument en « bois » même si on serait tenté d’orthographier autrement ce dernier mot pour rester dans l’imagerie animalière !
On a hâte de retrouver ce duo qui nous a fait passé une belle soirée de musique réjouissante.
Dimanche 2 Février 2014
Théâtre Paul Éluard - Choisy le Roi - Festival « Sons d’Hiver»
Pour son 8ème concert le Festival « Sons d’Hiver » 2014 proposait au programme Geri ALLEN piano solo et Milford GRAVES quartet. Vu la moyenne d’âge du public, c’était, à n’en pas douter, un concert « générationnel » du moins pour la deuxième partie, vous allez voir pourquoi, et du coup le chroniqueur a pris un bon coup de vieux! Geri ALLEN, 57 ans, pianiste américaine, originaire de Detroit, berceau du label mythique « Tamla Motown » a interprété le répertoire de son dernier album « Grand River Crossings : Motown et Motor City Inspirations ».
Abordant comme à l’accoutumée son instrument de manière classique, Geri ALLEN a fait étalage de la qualité incontestable de son toucher mais on regrettera que l’énergie qu’on sent poindre dans son jeu, soit restée bridée. En deuxième partie, Fabien BARONTINI, Directeur du Festival, nous a promis de l’énergie et là il faut l’avouer, nous avons été servis.
Milford GRAVES, bientôt 73 ans, « batteur phare » du free jazz dans les années 60, occupe toujours un espace sonore le plus large possible. Avec son quartet composé de Charles GAYLE, saxophoniste ténor (bientôt 75 ans !), proche par sa sonorité d’Albert AYLER, de William PARKER, contrebassiste incontournable du jazz improvisé et de D.D. JACKSON, pianiste « percussif », le leader a produit une musique très libre et foisonnante, débordant d’énergie, rendant hommage, au passage, à Albert AYLER et à John COLTRANE. Au final, une seconde partie extrêmement impressionnante.